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Tom La Ruffa : « le catch est une discipline complète qui n’a absolument aucun égal dans le monde du spectacle »

13 septembre 2024

Tom La Ruffa, figure incontournable du catch européen, nous partage son parcours, ses défis, et sa vision du métier. De ses débuts marqués par une télé-réalité à son ascension au sein de la WWE, en passant par les hauts et les bas de sa carrière, il revient aujourd’hui sur son expérience unique dans le monde du catch professionnel. Avec une passion toujours intacte pour son sport et une réflexion profonde sur son art, Tom nous dévoile également ses perspectives sur les réseaux sociaux, l’impact de l’âge et sa créativité débordante qui s’exprime désormais aussi sur YouTube. Entre détermination et résilience, Tom La Ruffa incarne une figure singulière du catch mondial, tout en continuant à inspirer la prochaine génération. Rencontre.

Qu’est-ce qui vous a inspiré à devenir catcheur professionnel ?

« Le désir de ne pas mener une vie comme les autres, ainsi que l’attirance profonde que j’ai ressentie dès l’adolescence pour ce sport-spectacle qui combine prouesse athlétique, charisme des protagonistes, interaction avec le public et une immense maîtrise de soi et de ses capacités sportives pour offrir le meilleur spectacle possible. Pour moi, le catch est une discipline complète qui n’a absolument aucun égal dans le monde du spectacle. »

Comment avez-vous été recruté par la WWE et comment s’est passée votre expérience au sein de cette organisation ?

« J’ai été repéré en 2010 grâce à une émission de télé-réalité à laquelle j’ai participé au Canada. Dans cette émission, je me suis largement démarqué des autres participants avec mon personnage d’étalon français, qui était, pour rester poli, l’un des plus grands « trous de balle » de la planète ! J’y ai montré qu’en plus d’être performant sur le ring, je pouvais aussi être très divertissant devant les caméras, dans les vestiaires. Suite à cela, la WWE m’a proposé des essais en Angleterre. Ils ont beaucoup apprécié ce que j’ai montré, mon niveau, ainsi que le fait que je sois français, et ils m’ont offert un contrat en 2012. J’y suis resté quatre ans, de 2012 à 2016, et j’ai connu des hauts et des bas : deux grosses blessures au genou avec opération, mais aussi de nombreuses leçons enrichissantes, des entraînements avec les meilleurs coachs de la planète et de nombreuses apparitions télévisées.« 

Quel est le plus grand défi que vous ayez rencontré dans votre carrière de catcheur ?

« À la WWE, le plus difficile a été de surmonter l’étiquette de manager qu’ils m’avaient collée. C’est-à-dire, le rôle d’acolyte d’un catcheur physiquement plus imposant, pour lequel je devais simplement servir de porte-parole et rester au bord du ring pendant ses matchs. Comme j’ai toujours voulu combattre dans le ring, le plus dur a été de leur prouver que j’avais le niveau pour y être avec les plus grands. Cela m’a pris des mois et des mois, mais j’y suis finalement parvenu à partir de 2014, notamment avec un match dans l’un de leurs shows principaux : NXT TakeOver : Fatal 4-Way, que je détaille sur ma chaîne YouTube. »

Comment gérez-vous les blessures et la récupération en tant que catcheur professionnel ?

« Gérer les blessures est un autre grand défi qu’un catcheur doit constamment relever. Le catch est une activité très éprouvante pour le corps et très dangereuse. Elle pousse chaque catcheur à ses limites les plus extrêmes, et cela m’a appris, en tout cas à moi, à connaître mon corps mieux que n’importe quoi d’autre au monde. Je sais quand ralentir et quand continuer malgré la douleur. J’ai vraiment tout connu en termes de blessures : sciatique, douleurs cervicales, déchirures musculaires, déchirures ligamentaires, tendinites, et bien d’autres encore. Avec l’expérience, j’ai aussi appris, tout seul, à concocter des petits « cocktails maison », comme je les appelle, pour réussir à catcher malgré les blessures. Par exemple, faire des strappings ultra serrés lorsque c’est une articulation ou un muscle qui pose problème, ou encore se couvrir de crème chauffante pour masquer la douleur et être capable de tenir au moins un match d’une dizaine de minutes. »

Pouvez-vous décrire une journée type d’entraînement pour un catcheur de votre niveau ?

« Maintenant que cela fait environ 20 ans que je catche, j’adapte mes entraînements ainsi que mes phases de récupération. Aujourd’hui, mes entraînements consistent principalement à entretenir ma condition cardio-vasculaire, tout en maintenant la taille de mes muscles, ainsi que ma force et mon élasticité. En ce qui concerne le catch, n’ayant pas accès à un ring à Nice, je fais avec les moyens du bord en m’entraînant sur des tapis de lutte pour garder la condition physique d’un lutteur. De plus, je regarde quotidiennement des matchs de catch sur YouTube ou à la télévision pour continuer à apprendre et à étudier cette forme d’art et de sport.« 

Comment travaillez-vous votre personnage et l’aspect théâtral du catch ?

« Cela passe par différents aspects. Le premier, et le plus important, est de croire en son personnage. Il faut que ce personnage soit une partie de sa propre personnalité, que l’on exagère volontairement devant le public. S’il n’y a pas une part de vrai dans ce personnage, le public n’y croira pas. La deuxième partie, bien évidemment, est d’avoir un look adapté au personnage en question. Cela inclut aussi bien le physique que l’expression faciale, mais également, et c’est très important, la tenue. En catch, celle-ci est très souvent faite sur mesure. Personnellement, je dessine toujours mes tenues moi-même, car, ayant une âme d’artiste, j’aime pouvoir exprimer ma créativité non seulement dans mon catch, mais aussi dans mon apparence de catcheur. »

Que pensez-vous de l’impact des réseaux sociaux sur l’industrie du catch ?

« Comme dans beaucoup de domaines, cet impact est à la fois positif et négatif. Positif dans le sens où cela permet aux catcheurs de rester en contact avec leurs fans. Contrairement à l’époque où la seule façon de voir des catcheurs était d’aller assister à des shows ou de regarder la télé, aujourd’hui, grâce aux téléphones portables, on peut voir ce que font les catcheurs en temps réel. On peut même leur parler, interagir avec eux, et ça, c’est super. Mais avec ces innovations sont également apparus des problèmes, notamment le fait que les réseaux sociaux donnent à n’importe qui la possibilité de donner son avis sur des sujets qu’ils ne maîtrisent très souvent pas. Pour quelqu’un de passionné comme moi, cela est difficilement acceptable, car beaucoup osent parler du catch comme s’ils y comprenaient quelque chose, ou pire encore, comme s’ils étaient des experts, alors que la plupart n’ont jamais été capables de faire le moindre match de catch de leur vie. Je compare souvent cela à tous ces gens qui n’ont jamais fait de sport de leur vie, qui sont assis sur leur canapé avec une bière à la main et un paquet de chips dans l’autre, et qui se permettent de dire à des joueurs de foot professionnel comment il devrait jouer, ou à des sélectionneurs comment il devrait gérer l’équipe de France. LOL. »

Est-ce que le catch européen a des caractéristiques uniques par rapport au catch américain ou japonais ?

« Dans un sens, oui, il y a eu une époque où le catch britannique, en particulier, était beaucoup plus technique que n’importe quel autre style de catch dans le monde. Par tradition, on dit que le catch américain est axé sur le spectacle, le catch mexicain sur la voltige, le catch japonais sur la rudesse et l’intensité des impacts, et le catch européen, notamment britannique, sur la technique. Cette comparaison n’est plus vraiment d’actualité, car de nombreuses promotions, aussi bien américaines que japonaises, intègrent des catcheurs venus des quatre coins du monde et adoptent ainsi un style véritablement universel. Cependant, ces dernières années, le catch européen se distingue par la qualité des talents qu’il produit, dont certains sont devenus champions dans les plus grandes promotions mondiales, notamment à la WWE (Drew McIntyre, Gunther, Sheamus…). »

Si vous n’étiez pas devenu catcheur, quelle autre carrière auriez-vous envisagé ?

« Il y a 15 ans, j’aurais été incapable de te répondre, mais aujourd’hui, je pense très sincèrement que ce serait quelque chose de créatif. Quelque chose dans l’art ? Peut-être la peinture, peut-être le cinéma, ou même YouTube. J’ai récemment repris ma chaîne YouTube et je poste 3 à 4 vidéos par semaine, où j’analyse des shows de catch pendant environ une heure. Je parle devant la caméra à 75 % en improvisation, les 25 % restants étant basés sur la trame du show que j’ai regardé et que j’analyse. Chaque vidéo est pour moi une petite œuvre d’art, car je dois à la fois analyser le show avec mon regard de professionnel, être assez divertissant pour garder les spectateurs pendant au moins une heure, et montrer ma personnalité tout en étant à l’aise pour improviser devant une caméra. »

Quels sont vos projets futurs dans ou en dehors du ring ?

« Dans le ring, je continue à catcher et à me démarquer des autres catcheurs sur le show, notamment des plus jeunes qui exécutent des prises bien plus dangereuses et athlétiques que moi. Je me concentre donc sur l’intensité, le travail de mon personnage, et le réalisme de mes techniques. Je continue également à m’entraîner dur en salle de musculation, et je compte bien m’améliorer avec l’âge pour obtenir le meilleur physique que j’ai jamais eu. L’âge, c’est juste dans la tête. Quant à ce qui est en dehors du ring, je compte bien continuer à profiter de la vie, comme je l’ai toujours fait, peu importe la manière dont cela se manifestera.« 

>>> Retrouvez Tom La Ruffa sur sa chaine Youtube : https://www.youtube.com/@tomlaruffa84

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