Un accord secret entre Google et Meta pour cibler les adolescents : une nouvelle controverse

16 août 2024

Les géants de la technologie, Google et Meta (anciennement Facebook), sont au centre d’une controverse majeure après la révélation d’un accord secret visant à attirer les adolescents vers la plateforme Instagram de Meta. Cet accord, qui enfreint les propres règles de Google interdisant le ciblage publicitaire des mineurs, soulève des questions éthiques profondes, quelques mois à peine après que Mark Zuckerberg, PDG de Meta, ait présenté des excuses publiques devant le Congrès pour les risques d’exploitation sexuelle ou de suicide des enfants sur ses plateformes.

Un accord caché en contradiction avec les déclarations publiques

L’accord entre Google et Meta portait sur une campagne publicitaire destinée aux adolescents, ciblant les utilisateurs de YouTube, âgés de 13 à 17 ans, pour promouvoir Instagram. Cette campagne contrevient directement aux règles de Google, qui interdisent la personnalisation des publicités pour les moins de 18 ans. Des documents consultés par le Financial Times révèlent que cette campagne faisait partie d’une stratégie plus vaste visant à capter l’attention des jeunes utilisateurs face à la montée en puissance de concurrents comme TikTok.

Ce partenariat secret met en lumière l’hypocrisie des géants technologiques, notamment après les excuses publiques de Mark Zuckerberg, concernant les risques d’exploitation sexuelle ou de suicide des enfants sur Instagram. Il est choquant de constater que cette campagne était déjà en préparation lorsque Zuckerberg se présentait devant le Congrès pour exprimer ses regrets.

Google et Meta ont collaboré avec Spark Foundry, une filiale de Publicis, pour lancer cette campagne publicitaire en secret, d’abord au Canada puis aux États-Unis. Les documents révèlent que Google a proposé d’utiliser un groupe d’utilisateurs qualifiés d’« inconnus » pour cibler les adolescents, bien qu’il soit clairement établi que ce groupe comprenait de nombreux utilisateurs de moins de 18 ans. Ce contournement délibéré des règles de Google soulève des questions sur la véritable intention de ces entreprises en matière de protection des mineurs.

Une réaction qui renforce les arguments en faveur du projet de loi KOSA

Cette affaire intervient à un moment crucial où le Sénat américain a récemment adopté le Kids Online Safety Act (KOSA), une loi qui impose aux plateformes en ligne un devoir de diligence pour protéger les enfants des contenus préjudiciables. La révélation de cet accord entre Google et Meta renforce les arguments en faveur d’une régulation plus stricte des grandes entreprises technologiques.

La sénatrice Marsha Blackburn, une des partisans du KOSA, a réagi fermement en déclarant : « On ne peut pas faire confiance aux grandes entreprises technologiques pour protéger nos enfants. Une fois de plus, elles ont prouvé qu’elles donneront toujours la priorité au profit plutôt qu’à nos enfants. »

La réaction de Google et de Meta

En réponse aux révélations du Financial Times, Google a lancé une enquête interne et a annulé le projet controversé. L’entreprise a réaffirmé son interdiction de la personnalisation des publicités pour les moins de 18 ans, tout en admettant l’utilisation du groupe d’audience « inconnu », qu’elle s’engage à mieux contrôler pour éviter tout contournement de ses règles.

Meta, quant à elle, a nié que l’utilisation de ce groupe constituait un contournement des politiques, affirmant respecter les règles en vigueur. L’entreprise a défendu sa stratégie en soulignant que ses applications sont destinées à un public jeune, sans répondre directement aux préoccupations concernant la composition du groupe « inconnu ».

En conclusion, cette nouvelle controverse entre Google et Meta met en lumière les défis complexes que pose la régulation de la publicité en ligne, en particulier lorsqu’il s’agit de protéger les utilisateurs mineurs. L’opacité et la manipulation des données des adolescents par ces entreprises montrent clairement la nécessité d’une régulation plus stricte et d’une transparence accrue dans leurs pratiques commerciales. Espérons que cette affaire incitera les entreprises technologiques à revoir leurs pratiques et à mettre en place des mesures réellement protectrices pour les jeunes utilisateurs.

Sources : Financial Times, developpez.com

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