Le paysage de l’extrême droite au Portugal a récemment vu le retour d’un groupe particulièrement inquiétant, le collectif néo-nazi 1143. Fondé initialement en 2003 au sein du groupe de supporters Juve Leo du club de football Sporting CP, le collectif a depuis évolué en une organisation autonome, connue pour ses actions violentes et ses liens explicites avec des mouvements néo-nazis internationaux.
Historique et origines
Le collectif 1143 tire son nom de l’année 1143, faisant référence à l’accord de Zamora qui a officialisé l’indépendance du Portugal. À l’origine, le groupe était une faction marginale au sein des supporters du Sporting, où il se distinguait par ses attaques racistes, y compris contre d’autres supporters du club. Sous l’influence de figures de l’extrême droite comme Mário Machado, le groupe s’est radicalisé, adoptant des symboles néo-nazis tels que la croix celtique et le slogan « Sporting SSempre », une référence explicite aux SS nazis.
Après une période de relative inactivité, le collectif 1143 a été relancé fin 2023, avec une orientation fortement anti-Islam et anti-immigration. Cette résurgence a été marquée par plusieurs manifestations, y compris une grande marche à Lisbonne en février 2024, où des slogans islamophobes et racistes ont été scandés. Le groupe a non seulement réitéré ses actions violentes, comme la destruction de drapeaux LGBTQ+ et les graffitis haineux, mais il a également commencé à étendre son influence en dehors de ses cercles traditionnels.
Une nouvelle stratégie de recrutement
Selon un récent article de Libération, le groupe 1143 a adopté une stratégie plus insidieuse pour étendre son influence. Ils ciblent désormais des quartiers populaires et des jeunes désabusés pour les recruter, exploitant les craintes liées à l’immigration et à l’insécurité. Leur discours xénophobe et nationaliste trouve un écho croissant dans un contexte où le Portugal fait face à des défis économiques et sociaux importants. Le groupe organise régulièrement des sessions de « formation idéologique » et des manifestations, attirant de nouveaux adeptes qui, bien que ne partageant pas toujours l’intégralité de leur idéologie néo-nazie, se rallient à leur cause par frustration ou désillusion.
Bien que toujours ancré dans l’idéologie néo-nazie, le nouveau collectif 1143 a attiré une base de sympathisants plus diversifiée, incluant des anciens membres de partis politiques d’extrême droite comme Chega!. Ce qui rend ce groupe particulièrement dangereux, c’est sa capacité à recruter en dehors des cercles néo-nazis traditionnels, élargissant ainsi son influence au sein de l’extrême droite portugaise.
Face à cette menace croissante, les autorités portugaises ont tenté d’interdire certaines manifestations du groupe, bien que ces interdictions aient parfois été contournées ou contestées en justice. Des organisations de la société civile, ainsi que des mouvements anti-racistes et pro-diversité, ont également réagi en organisant des contre-manifestations pour promouvoir la tolérance et la diversité culturelle au Portugal.
Le renouveau du groupe 1143 est un signal d’alarme pour le Portugal. Sa montée en puissance souligne la nécessité d’une vigilance accrue face aux mouvements extrémistes qui exploitent les tensions sociales et les peurs liées à l’immigration. Le collectif 1143, avec ses racines néo-nazies et ses actions violentes, représente une menace sérieuse pour la cohésion sociale et les valeurs démocratiques du pays.
