L’eugénisme, une pratique controversée visant à améliorer les caractéristiques génétiques humaines, connaît un retour inquiétant, alimenté par certaines figures influentes de la tech comme Elon Musk. Ces individus, souvent perçus comme visionnaires, explorent et promeuvent des technologies et des idéologies qui rappellent les sombres pratiques du passé, mais avec une nouvelle couche de sophistication technologique.
Qu’est-ce que l’eugénisme ?
L’eugénisme est un ensemble de théories et de pratiques visant à améliorer la qualité génétique d’une population. Historiquement, cela impliquait souvent des interventions coercitives comme la stérilisation forcée, les mariages sélectifs, et, dans les cas les plus extrêmes, l’élimination de personnes considérées comme « inaptes ». Popularisé au début du XXe siècle par des figures comme Francis Galton, l’eugénisme a été utilisé pour justifier des politiques racistes et discriminatoires, culminant tragiquement dans les atrocités commises pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, l’eugénisme a été largement discrédité en raison de ses abus flagrants des droits de l’homme et de son manque de fondement scientifique solide. Cependant, avec les avancées en génétique et en biotechnologie, des idées similaires réapparaissent sous une nouvelle forme plus technologique.
Elon Musk et la sélection génétique
Elon Musk a exprimé à plusieurs reprises des opinions sur la nécessité d’augmenter la procréation chez les personnes qu’il considère comme « intelligentes ». En 2015, il a déclaré que si chaque génération de personnes intelligentes a moins d’enfants, cela pourrait être néfaste pour l’avenir de l’humanité. Avec ses douze enfants, Musk promeut implicitement une forme de sélection génétique en valorisant la reproduction de certains traits spécifiques. Il est convaincu que l’amélioration des capacités humaines par la technologie est essentielle pour l’avenir de l’humanité, ce qui inclut des concepts proches de l’eugénisme, comme l’augmentation des capacités intellectuelles par des moyens technologiques comme Neuralink, qui explore les interfaces cerveau-machine.
Neuralink, une entreprise cofondée par Musk, vise à développer des interfaces cerveau-machine pour améliorer les capacités humaines. Cette technologie permettrait une connexion directe entre le cerveau humain et les ordinateurs, augmentant ainsi les capacités intellectuelles et physiques des humains. Bien que ce projet soit souvent présenté comme un moyen de traiter des maladies neurologiques, il soulève des questions sur son potentiel usage pour augmenter sélectivement l’intelligence ou d’autres capacités, ce qui pourrait exacerber les inégalités sociales.
Musk a souvent discuté de ses préoccupations concernant la dépopulation intelligente. Il a exprimé l’idée que les personnes les plus intelligentes ont tendance à avoir moins d’enfants, ce qui pourrait, selon lui, entraîner une diminution globale de l’intelligence humaine. Musk a mentionné dans plusieurs interviews et sur Twitter l’importance d’encourager les personnes intelligentes à avoir plus d’enfants pour maintenir et améliorer la qualité génétique de la population humaine.
Les projets comme Hyperloop et SpaceX montrent comment Musk valorise l’excellence et la sélection rigoureuse des talents. Les processus de recrutement dans ses entreprises sont extrêmement sélectifs, visant à attirer les esprits les plus brillants. Cette approche de la sélection et de la valorisation des compétences pourrait être vue comme une extension de ses idées sur la sélection génétique et l’amélioration des capacités humaines.
La relation d’Elon Musk avec sa fille transgenre, Vivian Jenna Wilson, a également fait l’objet de controverses. Vivian a demandé à changer légalement son nom et son sexe, affirmant qu’elle ne souhaitait plus être liée à son père en raison de divergences idéologiques. Musk a attribué cette rupture à l’influence de ce qu’il appelle une mentalité « néo-marxiste » présente dans l’université que fréquente Vivian. Dans une récente interview accordée au journaliste Jordan Peterson, Musk a déclaré que sa fille est « morte » pour lui parce qu’elle ne peut plus se reproduire, soulignant son opposition farouche à la transition de genre et la décrivant comme influencée par une « mentalité woke » qu’il considère comme destructrice.
Malcolm et Simone Collins : Les Icônes de la Procréation Sélective (et Autres Méthodes Controversées)
Malcolm et Simone Collins sont des figures emblématiques et controversées du mouvement pronataliste, promouvant des pratiques de procréation sélective et d’éducation rigoureuse. Leur approche soulève des questions éthiques et sociales profondes.
Les Collins défendent l’idée que les parents devraient utiliser les technologies de sélection génétique pour choisir les traits de leurs enfants avant la naissance. Ils croient que cela peut garantir une meilleure santé, intelligence et d’autres caractéristiques souhaitables, offrant ainsi aux enfants un avantage dans la vie. Cette philosophie est fondée sur l’idée que la génétique peut et doit être optimisée pour le bien-être individuel et collectif.
Les Collins plaident pour l’utilisation des technologies modernes comme la sélection des embryons et l’édition génétique (CRISPR) pour éliminer les maladies génétiques et améliorer les capacités humaines. Ils soutiennent que ces technologies peuvent réduire les souffrances et améliorer la qualité de vie. Cependant, cette approche soulève des préoccupations sur les inégalités d’accès et les implications éthiques de la modification génétique des êtres humains.
Le couple promeut une vision où la reproduction est optimisée pour produire des générations plus intelligentes et en meilleure santé. Leur approche implique une planification rigoureuse de la procréation, souvent avec des critères stricts pour les partenaires reproductifs. Cette vision est controversée car elle peut être perçue comme une forme moderne d’eugénisme, privilégiant certains traits génétiques sur d’autres.
En plus de leurs idées sur la procréation, les Collins adoptent des méthodes de discipline parentale qui suscitent la controverse. Ils justifient le recours à la violence physique pour discipliner leurs enfants, en se basant sur des observations de comportements animaux. Selon eux, une discipline stricte favorise une éducation plus efficace et rigoureuse.
Malcolm Collins a été vu giflant un de ses enfants en public, une méthode qu’il défend comme nécessaire pour l’éducation. Ils affirment que cette approche est inspirée par le comportement des tigres qui disciplinent leurs petits pour assurer leur survie et leur succès. Cette justification est critiquée par les experts en développement de l’enfant, qui soulignent les effets négatifs à long terme de la violence physique sur le bien-être psychologique des enfants.
Leur approche éducative strictement disciplinaire est centrée sur l’idée que les enfants doivent être préparés aux défis de la vie moderne dès leur plus jeune âge. Les Collins croient que des méthodes de discipline rigoureuse sont nécessaires pour inculquer la résilience et la discipline. Cette philosophie est controversée car elle peut mener à des pratiques parentales abusives et négliger les besoins émotionnels et psychologiques des enfants.
Racines de l’eugénisme dans la Silicon Valley
L’eugénisme n’est pas un phénomène nouveau dans la Silicon Valley. Historiquement, des figures influentes comme Lewis Terman, pionnier des tests de QI à Stanford, ont promu des idées eugénistes. Terman croyait que les tests de QI pouvaient identifier les individus les plus « aptent » à contribuer à la société, une idée qui a alimenté les pratiques de sélection et de discrimination basées sur les capacités intellectuelles.
La Silicon Valley a également été marquée par des personnalités comme William Shockley, fervent défenseur de l’eugénisme, qui a soutenu que l’intelligence était largement déterminée par la génétique et qu’il était donc crucial de favoriser la reproduction des individus les plus intelligents.
Ces idées ont influencé les pratiques de recrutement et les normes de la région, qui continuent de valoriser des traits intellectuels spécifiques, souvent au détriment de la diversité et de l’inclusivité. Par exemple, les entreprises de la Silicon Valley sont souvent critiquées pour leurs pratiques de recrutement qui privilégient les candidats ayant des antécédents dans les meilleures universités et des scores élevés aux tests standardisés, renforçant ainsi une forme moderne de sélection élitiste.
Les risques éthiques et sociaux d’un nouvel eugénisme technologique
L’un des principaux risques associés à l’eugénisme technologique est l’accentuation des inégalités sociales. Les technologies de modification génétique, telles que la sélection des embryons et l’édition de gènes, sont coûteuses et pourraient être accessibles principalement aux familles riches. Cela créerait une classe génétiquement privilégiée, où seuls ceux qui peuvent se permettre ces technologies bénéficieraient des améliorations génétiques. Cela non seulement perpétuerait les inégalités économiques, mais les approfondirait, en introduisant une nouvelle dimension génétique à la stratification sociale. Cette dynamique pourrait mener à une société où les opportunités et les avantages sont de plus en plus déterminés par l’accès à des modifications génétiques coûteuses.
Un autre risque important est la pression sociétale accrue pour se conformer à des normes génétiques idéalisées. La possibilité de choisir des traits spécifiques pour ses enfants pourrait créer une culture où certains attributs physiques, intellectuels ou comportementaux sont valorisés au détriment d’autres. Cette situation pourrait réduire la diversité génétique et promouvoir des standards uniformes de « perfection » humaine. Les parents pourraient ressentir une pression immense pour utiliser ces technologies afin de garantir à leurs enfants les meilleurs atouts possibles dans une société compétitive. Cela pourrait également stigmatiser ceux qui, par choix ou par manque de moyens, n’ont pas accès à ces technologies, exacerbant les divisions sociales et culturelles.
La manipulation génétique soulève des questions éthiques profondes sur le consentement et le bien-être des futurs enfants. Les décisions concernant les modifications génétiques sont prises avant la naissance, ce qui signifie que les individus affectés n’ont aucune voix dans les changements qui les concernent profondément. De plus, il y a des préoccupations concernant les implications à long terme pour la santé et le bien-être des individus génétiquement modifiés, car les effets de telles interventions ne sont pas encore pleinement compris. L’éthique médicale s’inquiète également de l’utilisation de ces technologies à des fins non médicales, telles que l’amélioration des performances physiques ou intellectuelles, ce qui pourrait transformer la médecine en un domaine de manipulation génétique visant à répondre à des désirs plutôt qu’à des besoins de santé. Cette situation pourrait détourner les ressources et l’attention des véritables besoins médicaux et de la justice sociale dans le domaine de la santé.
En conclusion, le retour de l’eugénisme, poussé par des figures influentes de la technologie, représente un défi éthique et social majeur. Alors que ces leaders vantent les avantages potentiels des technologies de modification génétique, il est crucial de considérer les implications morales et les risques pour la société. La communauté mondiale doit engager un dialogue approfondi sur ces pratiques pour s’assurer que les progrès technologiques respectent les principes d’équité, de justice et de respect des droits de l’homme.