Le Rassemblement national (RN) est une nouvelle fois au cœur de la polémique en raison des propos racistes, antisémites et complotistes de certains de ses candidats aux élections législatives. Malgré les efforts de dédiabolisation menés par le parti, des révélations récentes du journal Libération montrent que cette stratégie peine à convaincre.
La stratégie de dédiabolisation du RN
Depuis son ascension à la présidence du RN, Marine Le Pen a entrepris de transformer l’image du parti, historiquement associé à l’extrême droite radicale et aux idées xénophobes. L’objectif principal de cette stratégie de dédiabolisation est de rendre le RN plus acceptable pour un électorat plus large et plus modéré. Cette transformation a inclus des ajustements dans le discours public, une mise en avant de thèmes consensuels comme la sécurité et la souveraineté nationale, ainsi que l’intégration de candidats issus de la société civile.
Sous la direction de Jordan Bardella, ce processus de réforme s’est intensifié. Le jeune leader a cherché à présenter le RN comme une alternative crédible et respectueuse des valeurs républicaines, tout en s’attaquant à des questions sensibles comme l’immigration et la sécurité. Bardella s’efforce de moderniser l’image du parti et de l’éloigner des stigmates du passé, notamment en mettant en avant des candidats jeunes et dynamiques qui incarnent cette nouvelle ère du RN.
Cependant, cette transformation est loin d’être achevée. Les racines profondes du parti dans l’extrême droite française continuent de resurgir, notamment à travers les déclarations et les actions de certains membres. Les tentatives de dédiabolisation sont souvent contrecarrées par les comportements de candidats et militants, révélant une tension constante entre l’image que le RN souhaite projeter et la réalité des opinions et des actions de certains de ses membres.
Les critiques pointent également une certaine ambiguïté dans la stratégie de dédiabolisation. Alors que le discours officiel du parti se veut plus modéré, les réseaux sociaux et les déclarations publiques de certains candidats montrent une persistance des discours extrémistes. Cette dualité entretient le doute sur la sincérité de la transformation du RN et sa capacité à véritablement s’éloigner de ses fondements idéologiques.
Propos controversés : une dédiabolisation en question
Une enquête récente menée par Libération met en lumière cette contradiction en dévoilant les propos racistes, antisémites et complotistes de plusieurs candidats aux élections législatives de 2024. Par exemple, Stéphanie Alarcon, candidate dans la 3e circonscription de Haute-Garonne, a évoqué une « guerre ethnique » à venir en France et a relayé des théories complotistes sur la guerre en Ukraine, accusant le pays de financer le conflit par la vente d’organes avec l’aval des États-Unis, de l’OTAN et de l’Europe.
De même, Noël Lude, candidat dans la 4e circonscription des Côtes-d’Armor, a partagé des caricatures racistes sur sa page Facebook. Thierry Dussud, suppléant dans la 2e circonscription de l’Ardèche, a rendu hommage à Philippe Pétain et à l’OAS, et a approuvé des commentaires antisémites en prônant la « remigration » des Africains. Monique Becker, candidate dans la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, a glorifié l’OAS et rendu hommage au dictateur espagnol Francisco Franco.
Christian Pérez, candidat dans la 8e circonscription du Finistère, a exprimé son soutien à des figures antisémites et à des mouvements d’extrême droite sur les réseaux sociaux, boycottant Carrefour pour avoir retiré de ses rayons l’hebdomadaire antisémite Rivarol…
Ces révélations peuvent avoir un impact négatif significatif sur les élections législatives en cours. Les propos controversés de certains candidats risquent de nuire à l’image du RN et de repousser les électeurs modérés que le parti cherche à séduire. La persistance des idéologies extrémistes au sein de certains membres pourrait renforcer la perception que le RN n’a pas véritablement changé, malgré les efforts de dédiabolisation. Cela pourrait également fournir des arguments supplémentaires à leurs opposants politiques, compliquant ainsi la tâche du RN pour obtenir des résultats significatifs lors des élections.