Le Rassemblement National, dirigé par Marine Le Pen puis Jordan Bardella, a cherché ces dernières années à améliorer son image et à élargir sa base électorale en se positionnant comme un parti plus inclusif. Malgré quelques efforts de communication pour attirer les électeurs LGBT, une analyse plus approfondie de la rhétorique, des politiques et des votes du RN montre que ce parti ne peut être considéré comme un véritable allié de la communauté LGBT.
Un discours contradictoire
Marine Le Pen a tenté de modérer le discours du RN en matière de droits LGBT par rapport à l’approche plus ouvertement hostile de son père, Jean-Marie Le Pen. Cependant, cette tentative de repositionnement reste largement cosmétique. Lors de la campagne présidentielle de 2017, Marine Le Pen a adopté une posture ambivalente sur les questions LGBT, affirmant : « Je n’ai pas d’opposition de principe » au mariage pour tous, tout en s’opposant à l’adoption par des couples de même sexe. En 2021, elle a réitéré sa position en déclarant vouloir remplacer le mariage pour tous par une « union civile » spécifique pour les couples homosexuels.
Le RN continue de défendre une vision traditionnelle de la famille, ce qui se traduit par une opposition constante aux évolutions législatives favorables aux droits des LGBT. Par exemple, Marine Le Pen a exprimé son intention de restreindre l’accès à l’adoption pour les couples homosexuels en déclarant que « chaque enfant a droit à un père et une mère ». Ces déclarations révèlent une réticence à reconnaître pleinement l’égalité des droits pour les personnes LGBT.
Les positions politiques du RN en matière de droits LGBT demeurent souvent contraires aux intérêts de la communauté. Le parti a régulièrement voté contre des propositions de loi visant à améliorer les droits et la protection des personnes LGBT. Par exemple, les élus RN ont majoritairement voté contre la loi de 2013 qui a légalisé le mariage pour tous en France. En 2020, lors des débats sur la PMA pour les femmes célibataires et les couples de femmes, Marine Le Pen a qualifié la loi de « destruction de la famille » et a voté contre.
En outre, le RN s’oppose à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples de femmes et les femmes célibataires, arguant que l’enfant doit avoir un père et une mère pour se développer correctement. Cette opposition est perçue par beaucoup comme une discrimination à l’égard des familles homoparentales et des femmes qui souhaitent fonder une famille sans partenaire masculin.
Un parti ancré dans des valeurs traditionnelles
Le Rassemblement National se présente comme un défenseur des valeurs traditionnelles et d’une certaine idée de la famille. Cette orientation se traduit par une résistance systématique aux avancées en matière de droits des LGBT, perçues comme une menace pour l’ordre social traditionnel. Marine Le Pen a souvent mis en avant une « défense de la famille traditionnelle » et un retour aux valeurs conservatrices. Le parti revendique une politique familiale axée sur le soutien aux familles traditionnelles et promeut des valeurs conservatrices qui marginalisent les modèles familiaux diversifiés.
De plus, certains membres du RN ont été impliqués dans des déclarations et des actions discriminatoires à l’égard des personnes LGBT. En 2018, un élu RN a affirmé que les homosexuels devaient rester « dans la discrétion » pour éviter « les provocations ». Ces incidents illustrent la persistance d’une culture interne au RN qui reste hostile aux droits des LGBT, malgré les tentatives de modération du discours officiel.
Une stratégie politique opportuniste
Le RN tente d’attirer l’électorat LGBT dans le cadre d’une stratégie plus large visant à diversifier sa base de soutien. Cependant, cette démarche semble principalement motivée par des considérations électorales plutôt que par une véritable volonté de promouvoir les droits des LGBT. Les gestes symboliques et les déclarations modérées en période électorale contrastent avec les actions concrètes du parti, qui restent en décalage avec les aspirations de la communauté LGBT.
Selon un article de Têtu, la récente tentative du RN de s’afficher comme un allié des LGBT, avec des symboles comme des drapeaux arc-en-ciel et des messages inclusifs, relève de la propagande plutôt que d’un engagement sincère. Le RN utilise ces symboles pour séduire une frange de l’électorat LGBT et pour donner une image plus moderne et tolérante, tout en continuant à promouvoir des politiques qui limitent les droits et la reconnaissance des personnes LGBT. Par exemple, malgré des drapeaux arc-en-ciel affichés lors de certains événements, le RN maintient son opposition à des mesures comme l’adoption pour les couples de même sexe et la PMA.
En réalité, les positions historiques et les actions récentes du RN montrent une opposition constante à l’égalité des droits pour les LGBT. Les initiatives pour repeindre le parti en allié des LGBT ne sont pas suivies de changements significatifs dans les politiques ou les votes, ce qui révèle une contradiction entre le discours public et les pratiques internes. Cette instrumentalisation des symboles LGBT s’inscrit dans une stratégie électoraliste visant à élargir le soutien au-delà de sa base traditionnelle sans véritablement changer les fondements idéologiques du parti.
En conclusion, malgré quelques efforts de communication visant à adoucir son image, le Rassemblement National ne peut être considéré comme un allié fiable de la communauté LGBT. Les positions politiques du parti, ancrées dans des valeurs traditionnelles et conservatrices, et les actions de ses membres montrent une réticence persistante à soutenir pleinement les droits des personnes LGBT. Les électeurs LGBT doivent donc aborder avec prudence les promesses du RN, qui semblent davantage opportunistes que fondées sur un engagement sincère en faveur de l’égalité et de l’inclusion.