Elections législatives : et si la gauche gagnait ?

14 juin 2024

Après quatre jours intenses de négociations, les partis de gauche ont scellé un accord sur un programme commun, désormais nommé « contrat de législature ». Ce document de vingt pages, destiné à structurer leur action législative en cas de victoire aux élections du 7 juillet prochain, met en avant des mesures prioritaires et des réformes ambitieuses.

Une coalition unie pour les élections

Le Nouveau Front Populaire (NFP) s’engage dans une démarche de candidature unique dans chacune des 577 circonscriptions françaises, marquant une évolution par rapport à l’alliance précédente de 2022. Pour ces élections, La France insoumise (LFI) présente des candidats dans 229 circonscriptions, le Parti socialiste (PS) et Place publique dans 175, les Écologistes-EELV dans 92, et le Parti communiste français (PCF) dans 50. Ce partage des circonscriptions permet une plus grande représentation des autres partis de gauche, qui obtiennent davantage de circonscriptions que lors des législatives de 2022. La répartition intègre les résultats des élections européennes, où le PS avait obtenu 13,8 % des voix, dépassant ainsi LFI.

Ce « rassemblement inédit » a été salué lors de la conférence de presse, les responsables des partis se félicitant de cette union historique. Le NFP se pose ainsi en bloc uni, visant à maximiser ses chances de succès en évitant la dispersion des voix et en capitalisant sur une dynamique collective.

Un contrat de rupture pour répondre aux urgences

Dès le lendemain du second tour, la gauche entend adopter « vingt actes de rupture » pour affronter l’urgence sociale et climatique, restaurer les services publics et favoriser l’apaisement en France et dans le monde. Parmi ces mesures phares, on compte la livraison d’armes à l’Ukraine, la saisie des avoirs des oligarques russes, et l’effacement de la dette ukrainienne.

Le contrat annonce également l’adoption de cinq grandes lois dans les cent jours suivant l’installation des députés à l’Assemblée nationale. Ces lois traiteront des domaines sociaux, de la santé, de l’éducation, de l’énergie et du climat, et incluront un projet de loi de finances rectificatives visant à « abolir les privilèges des milliardaires ».

Les questions internationales, jadis cause de discordes, sont désormais abordées de manière consensuelle. Le Nouveau Front Populaire affiche un soutien indéfectible à l’Ukraine et un engagement ferme à respecter les ordonnances de la Cour Internationale de Justice concernant Gaza. Un compromis est atteint concernant l’Europe, avec des engagements pour une Europe plus sociale et écologique, tout en évitant les sujets clivants comme la défense européenne.

La transition écologique occupe une place centrale dans ce contrat. Parmi les propositions, on trouve l’instauration de la « règle verte », un ISF climatique, et des mesures pour limiter le financement des énergies fossiles par les banques. La construction de 200 000 logements publics par an aux normes écologiques les plus ambitieuses figure également parmi les priorités, de même que la revalorisation de 10% des APL.

Les partis de gauche prônent la transformation vers une VIe République, avec la convocation d’une « assemblée constituante citoyenne » pour rédiger une nouvelle Constitution, en supprimant notamment le recours à l’article 49.3. Une nouvelle décentralisation et l’instauration d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC) sont également prévues.

Le Nouveau Front Populaire propose l’interdiction des importations agricoles ne respectant pas les normes sociales et environnementales françaises, ainsi que la fin de l’élevage en cages. En matière énergétique, le programme privilégie les énergies marines et hydroliennes tout en refusant la privatisation des barrages hydroélectriques. Le nucléaire est évité dans le contrat, pour ne pas raviver les divisions.

Pouvoir d’achat, fiscalité et retraites : des mesures pour soulager les ménages

Le contrat prévoit d’annuler les récentes hausses des prix de l’électricité et du gaz, ainsi que la réforme des retraites de 2023. Un SMIC net à 1600 euros, la revalorisation des pensions et l’amélioration des conditions de travail sont au programme. Le temps de travail serait réduit à 32 heures pour les métiers pénibles, et les allocations pour les jeunes et les personnes handicapées seraient augmentées.

Le contrat de législature propose la réinstauration de l’ISF avec un volet climatique, la suppression de la flat tax et la création de 14 tranches pour l’impôt sur le revenu. La fiscalité de l’héritage serait également revue pour davantage de progressivité, avec la suppression des niches fiscales « injustes et polluantes ».

En matière de chômage, le retour aux règles antérieures aux réformes Macron est envisagé. Les aides aux entreprises seraient conditionnées au respect de critères environnementaux et sociaux. Un pôle public bancaire est proposé pour renforcer l’intervention de l’État en matière financière.

Le programme met en avant des mesures pour recruter des fonctionnaires hospitaliers, réguler l’installation des médecins, et garantir la permanence des soins. En éducation, la suppression de Parcoursup et du Service National Universel, ainsi que la création d’un service public pour les élèves en situation de handicap sont prévus.

Perspectives pour le poste de Premier ministre

Le NFP n’a pas encore désigné son candidat pour le poste de Premier ministre, préférant attendre les résultats des législatives. Selon les accords internes, le groupe parlementaire avec le plus grand nombre de députés proposera un nom pour Matignon. Parmi les personnalités évoquées, François Ruffin, Fabien Roussel, et Valérie Rabault ont exprimé leur intérêt, tandis que Jean-Luc Mélenchon semble écarté du poste. La sélection finale sera cruciale pour la cohésion et l’efficacité du gouvernement, garantissant que les valeurs et priorités du NFP soient représentées et mises en œuvre efficacement.

En conclusion, le Nouveau Front Populaire présente un programme ambitieux et multidimensionnel, axé sur la justice sociale, la transition écologique, et des réformes profondes des institutions et des politiques publiques. La mise en œuvre de ce contrat de législature serait marquée par des transformations significatives, visant à redéfinir le paysage politique, social et économique de la France.

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