Le jour ou Mark Zuckerberg a abandonné le metaverse

1 juin 2024

En octobre 2021, Mark Zuckerberg a dévoilé Meta, visant à créer un metaverse immersif révolutionnant les interactions sociales et professionnelles via la réalité virtuelle (VR) et augmentée (AR). Cependant, cette vision ambitieuse a rapidement affronté des obstacles majeurs, tels que la technologie coûteuse et immature, des inquiétudes sur la vie privée et une approche centralisée contestée. En mars 2023, face à des résultats financiers décevants et à des critiques croissantes, Meta a réorienté ses efforts vers l’intelligence artificielle, laissant émerger des alternatives décentralisées comme Decentraland et The Sandbox, prônant des modèles plus ouverts et sécurisés​.

L’ascension et les promesses de Meta

En octobre 2021, Mark Zuckerberg a dévoilé une nouvelle vision ambitieuse pour Facebook en rebaptisant l’entreprise Meta. Cette initiative visait à se positionner comme un pionnier dans le développement du metaverse, un espace numérique immersif où les interactions sociales, professionnelles et de divertissement pourraient se dérouler dans des environnements virtuels réalistes.

Meta a promis de révolutionner les expériences en ligne grâce à des technologies avancées de réalité virtuelle (VR) et de réalité augmentée (AR). Les utilisateurs pourraient se rencontrer, collaborer et se divertir dans des mondes virtuels tridimensionnels, créant ainsi une nouvelle dimension d’interactions numériques. Des projets comme Horizon Workrooms, une plateforme de collaboration virtuelle, illustraient cette vision en permettant aux utilisateurs de se réunir dans des bureaux virtuels, peu importe leur emplacement physique.

Meta a investi massivement dans la recherche et le développement pour concrétiser cette vision. L’entreprise a acquis des sociétés spécialisées dans la VR et l’AR, comme Oculus, pour renforcer ses capacités technologiques. Zuckerberg a souvent souligné que le metaverse représentait la prochaine étape de l’évolution d’Internet, un espace où les utilisateurs ne se contenteraient plus de naviguer sur des sites web, mais vivraient des expériences immersives.

Les obstacles et les défis

Cependant, cette vision ambitieuse a rapidement rencontré plusieurs obstacles majeurs. La technologie VR/AR de Meta, malgré des avancées significatives, a été jugée immature et coûteuse. Les casques VR, bien que performants, restaient encombrants et inaccessibles pour une large part de la population en raison de leur prix élevé. En outre, Meta a dû faire face à une méfiance généralisée concernant la gestion des données personnelles. L’idée de collecter encore plus de données à travers des interactions immersives a suscité des préoccupations accrues, renforçant les craintes autour de la vie privée et de la sécurité des informations des utilisateurs.

Par ailleurs, l’approche centralisée de Meta a également soulevé des critiques. Contrairement à la vision décentralisée du metaverse promue par des pionniers de la blockchain et des technologies ouvertes, Meta a été perçue comme cherchant à contrôler et monétiser cet espace, limitant ainsi la liberté des utilisateurs. Cette centralisation a été vue comme une tentative de monopoliser le metaverse, en contradiction avec les idéaux de liberté et de décentralisation qui devaient caractériser cet univers virtuel.

En outre, les régulateurs et les gouvernements ont exprimé des préoccupations quant aux implications éthiques et sociales du metaverse, notamment en termes de sécurité, de surveillance et d’influence sociale. Les questions de sécurité des utilisateurs, de surveillance accrue et d’influence sur les comportements sociaux ont rendu les régulateurs prudents, entraînant des discussions et des débats sur la nécessité de réglementations strictes pour protéger les utilisateurs dans cet espace virtuel.

En dépit de ces défis, Meta a continué d’investir et de promouvoir sa vision, bien que les critiques et les obstacles techniques aient progressivement érodé la confiance dans la capacité de l’entreprise à transformer véritablement le metaverse en une réalité accessible et sécurisée pour tous. La persistance de ces obstacles a conduit à une réévaluation des priorités de l’entreprise, avec une réduction progressive des investissements dans le metaverse et un recentrage sur d’autres technologies émergentes comme l’intelligence artificielle.

@ REUTERS / Carlos Barria

Réorientation stratégique

En 2023, malgré des investissements massifs, Meta a dû revoir ses ambitions à la baisse en raison de résultats financiers décevants et de critiques croissantes. Les revenus générés par les initiatives du metaverse n’ont pas été à la hauteur des attentes, ce qui a conduit à une pression accrue de la part des investisseurs et des analystes financiers. En parallèle, les utilisateurs et les experts ont continué à exprimer des inquiétudes quant à la viabilité et à l’éthique des projets de Meta dans le metaverse, alimentant un scepticisme généralisé.

Face à ces défis, Meta a annoncé une réorientation stratégique de ses efforts vers l’intelligence artificielle (IA) et d’autres technologies émergentes. Cette décision a marqué un tournant dans la stratégie de l’entreprise, cherchant à capitaliser sur l’énorme potentiel de l’IA pour diversifier ses sources de revenus et améliorer ses produits existants. Les développements récents incluent des investissements accrus dans des projets d’IA, avec une concentration sur des applications pratiques telles que les assistants virtuels, l’analyse de données avancée et l’automatisation des processus.

Parallèlement, Meta a progressivement réduit ses investissements dans le metaverse, fermant certaines initiatives et réduisant les équipes dédiées à ces projets. Cette réduction a été perçue comme un aveu tacite des difficultés rencontrées et une reconnaissance des limites actuelles de la technologie VR/AR. Les ressources libérées ont été redirigées vers des domaines jugés plus prometteurs à court terme, afin de renforcer la position de Meta sur le marché technologique global.

L’émergence des alternatives

En réponse à la vision centralisée de Meta, des plateformes décentralisées comme Decentraland et The Sandbox ont gagné en popularité, offrant aux utilisateurs un contrôle réel sur leurs créations et interactions. Decentraland permet aux utilisateurs d’acheter, de développer et de vendre des parcelles de terrain virtuel, tout en participant à une économie numérique florissante basée sur la blockchain. The Sandbox, de son côté, propose un écosystème où les créateurs peuvent concevoir, partager et monétiser des expériences de jeu uniques.

Ces alternatives mettent en avant des modèles plus ouverts et démocratiques, contrastant fortement avec l’approche centralisée de Meta. La décentralisation permet aux utilisateurs de posséder véritablement leurs actifs numériques, assurant une transparence et une sécurité accrues grâce à la technologie blockchain. Les utilisateurs peuvent ainsi explorer et expérimenter sans craindre une surveillance excessive ou une exploitation commerciale abusive.

De plus, ces plateformes encouragent la créativité et l’innovation en offrant des outils et des ressources accessibles à tous. Les communautés florissantes autour de Decentraland et The Sandbox témoignent de l’attrait croissant pour des environnements virtuels où la liberté et le contrôle utilisateur sont prioritaires. Ce succès souligne un changement de paradigme dans la façon dont les individus perçoivent et interagissent avec les mondes numériques, préférant des espaces où la décentralisation et l’autonomie individuelle sont valorisées.

Le jour où Meta a annoncé sa vision pour le metaverse a été vu par beaucoup comme un coup fatal à l’idéal original du metaverse. Plutôt que de promouvoir une vision libre et décentralisée, Meta a ramené l’idée à une réalité commerciale centrée sur le contrôle et la monétisation. Cependant, cet échec apparent a également servi de catalyseur, incitant d’autres acteurs à créer un metaverse plus authentique et fidèle à ses idéaux d’origine. Le rêve du metaverse est loin d’être mort ; il continue d’évoluer avec de nouveaux champions prêts à défendre sa véritable essence.

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