Depuis bientôt un an, Anticor, l’association de lutte contre la corruption impliquée dans plus de 150 procédures judiciaires, se trouve dépourvue d’agrément anticorruption en raison du silence prolongé du gouvernement. Ce vendredi 24 mai, le ministère de la Justice a annoncé une prolongation de l’étude de la seconde demande d’agrément d’Anticor jusqu’au 25 juillet 2024, suscitant des interrogations sur les intentions réelles des autorités.
Le 26 décembre 2023, la première demande de renouvellement d’agrément d’Anticor a été implicitement refusée, malgré une soumission initiale en juin 2023. La nouvelle demande déposée en janvier 2024 semble suivre le même chemin, avec une prolongation annoncée juste un jour avant la date butoir de réponse, fixée au 25 mai 2024.
La prolongation de l’instruction du dossier par la Direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la Justice soulève des préoccupations. Le Garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti, est censé se déporter de toute procédure relative à Anticor en raison d’une plainte déposée contre lui par l’association en 2020. Or, c’est bien son ministère qui continue de gérer le dossier, malgré une demande explicite d’Anticor pour que le Premier ministre prenne en charge l’instruction, conformément à un décret de juin 2022.
Pour Anticor, cette nouvelle prolongation participe d’une stratégie d’enlisement visant à retarder le renouvellement de son agrément. Le 2 mai 2024, le ministère avait déjà annoncé une « mise en attente » incompréhensible de l’instruction, inventant de nouveaux critères pour délivrer l’agrément sans jamais répondre sur le fond du dossier. Anticor et ses 7200 adhérents réclament simplement un examen rigoureux pour prouver leur conformité aux critères d’agrément.
Malgré ces obstacles, Anticor continue de lutter activement contre la corruption. L’association poursuit ses dépôts de plaintes, l’étude des dossiers juridiques, et l’élaboration de nouvelles actions grâce à ses référents et adhérents bénévoles. La mobilisation et la vigilance des citoyens engagés au sein d’Anticor restent intactes, déterminées à maintenir la pression sur les autorités pour obtenir le renouvellement de l’agrément tant attendu.