MARTIN BUREAU / AFP

Augmentation alarmante des atteintes anti-LGBT+ en France

21 mai 2024

Le ministère de l’Intérieur a récemment publié les données sur les atteintes anti-LGBT en France pour l’année 2023, confirmant une augmentation significative de l’homophobie. Ces chiffres corroborent les observations de SOS homophobie dans son rapport 2024. Les associations LGBT+ exhortent le gouvernement de Gabriel Attal à réagir de manière appropriée à cette crise croissante.

Le rapport du ministère de l’Intérieur indique une hausse de 13% des atteintes envers les personnes LGBT+ par rapport à 2022. En 2023, les services de police et de gendarmerie ont enregistré 2.870 crimes ou délits et 1.690 contraventions, soit un total de 4.560 infractions LGBTphobes. Cette augmentation est particulièrement alarmante pour les crimes et délits (agressions, menaces, harcèlement), qui ont connu une hausse de 19%.

Depuis 2016, les atteintes anti-LGBT+ ont augmenté en moyenne de 17% par an pour les crimes et délits, et de 10% pour les contraventions. En 2023, un tiers des crimes et délits recensés étaient des injures et diffamations, suivis de 19% d’agressions graves, 19% de menaces, et 8% de violences sexuelles. Toutefois, ces chiffres ne représentent que la partie visible de l’iceberg, car seulement 20% des victimes LGBT+ portent plainte en cas de violences ou menaces, un pourcentage qui chute à 5% en cas d’injure.

La majorité des actes sont commis par des hommes (82%), visant principalement des hommes gays (70%). Près de la moitié des auteurs ont moins de 30 ans, et 31% ont moins de 19 ans. De manière préoccupante, les mineurs de moins de 15 ans sont surreprésentés, représentant 12% des auteurs de crimes et délits anti-LGBT+, contre 3% pour les infractions sans motif LGBTphobe. Ces violences se concentrent majoritairement dans les grandes agglomérations, notamment Paris.

La préfecture de police de Paris a signalé une augmentation de 15% des actes LGBTphobes dans la capitale au premier semestre 2024 par rapport à la même période en 2023. Face à cette situation, la présidente de SOS homophobie, Julia Torlet, a exprimé sa profonde inquiétude pour 2024, soulignant l’augmentation des discours queerphobes et les récentes propositions de lois visant à restreindre les droits des personnes transgenres. Maxime Haes, porte-parole de Stop Homophobie, a également mis en garde contre la montée de l’extrême droite et des extrémismes religieux, qui alimentent les discours de haine.

Julia Torlet a averti qu’en l’absence d’une réponse gouvernementale adéquate, la France pourrait se retrouver dans une situation de violences comparable à celle de 2012-2013, période marquée par une opposition violente à la loi sur le mariage pour tous. SOS homophobie dénonce un « silence gouvernemental abyssal » et appelle à des politiques plus ambitieuses. La préfecture de police de Paris travaille actuellement sur la prévention des guets-apens homophobes et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a exprimé son intention d’interdire le chat en ligne Coco, souvent utilisé pour piéger des hommes gays.

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