Réforme de l’audiovisuel public : retour inquiétant à l’ORTF ?

14 mai 2024

Le projet de réforme de l’audiovisuel public en France, visant à créer une holding appelée France Médias, suscite de vives critiques et inquiétudes, notamment en raison de sa ressemblance perçue avec l’ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française), une entité qui symbolisait la mainmise du gouvernement sur l’audiovisuel français jusqu’en 1974.

La création de cette holding, regroupant France Télévisions, Radio France, France Médias Monde et l’INA, mais excluant Arte et TV5 Monde, a pour but officiel de moderniser et d’harmoniser les efforts face aux défis numériques et à la concurrence des plateformes de streaming. Cependant, cette centralisation est perçue par beaucoup comme un retour en arrière dangereux. La concentration du pouvoir au sein de France Médias pourrait menacer l’indépendance éditoriale des médias publics, rappelant les dérives de l’ORTF où l’État contrôlait étroitement l’information​​​​.

L’ancienne ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, elle-même a exprimé des réserves sur cette restructuration, affirmant qu’une telle fusion n’est ni nécessaire ni prioritaire et préférant des coopérations par projet​​. Les syndicats et plusieurs partis politiques, principalement de gauche, dénoncent cette réforme. Ils estiment qu’elle accentuerait la fragilité du secteur public au profit des chaînes privées et craignent une réduction de la diversité des voix et de l’indépendance éditoriale​​.

Le financement de l’audiovisuel public, déjà fragilisé par la suppression de la redevance audiovisuelle remplacée temporairement par une fraction de TVA, est un autre point de tension. Les critiques soulignent que cette réforme n’apporte pas de solutions pérennes et suffisantes pour garantir la stabilité financière nécessaire. Le flou persistant sur les ressources financières futures augmente les risques de dépendance et de contrôle étatique​​.

L’ORTF, dissoute en 1974 en raison de son contrôle centralisé et de la censure gouvernementale, est un souvenir douloureux pour ceux qui défendent la liberté de la presse. La réforme actuelle, en réinstaurant une structure centralisée, risque de recréer les mêmes problèmes de contrôle et d’interférence politique dans les médias. Le pouvoir financier centralisé au sein de France Médias pourrait indirectement influencer les contenus éditoriaux, limitant ainsi la liberté des rédactions​​.

Les défenseurs de la réforme, notamment des sénateurs de droite comme Roger Karoutchi, estiment qu’elle est nécessaire pour moderniser le système et faire face à la concurrence internationale. Cependant, leurs arguments ne suffisent pas à dissiper les craintes des critiques qui voient dans cette réforme une menace pour la pluralité et l’indépendance des médias publics.

La réforme de l’audiovisuel public, par la création de France Médias, représente donc un risque majeur pour l’indépendance éditoriale et la diversité des médias publics en France. La centralisation des pouvoirs financiers et administratifs évoque un retour à un modèle de contrôle étatique rappelant l’ORTF, une perspective alarmante pour la démocratie et la liberté de la presse. Il est crucial de repenser cette réforme pour garantir une véritable indépendance des médias publics, essentielle à la vitalité démocratique.

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