« Mon petit renne » : quand la fiction rejoint la réalité

4 mai 2024

« Mon Petit Renne, » une série de Netflix inspirée des expériences de Richard Gadd, mêle les thèmes du harcèlement et des abus sexuels en dépeignant les épreuves d’un comédien à Londres. Rapidement devenue numéro 1 dans plusieurs pays, cette autofiction a transcendé l’écran pour impacter la réalité, déclenchant des enquêtes policières et une vague de réactions en ligne.

La série met en scène Richard Gadd, interprétant son propre rôle de comédien et barman à Londres, confronté à un harcèlement incessant de la part de Martha Scott, une femme plus âgée, et aux séquelles d’abus sexuels par un producteur de télévision, Darrien O’Connor. Ce récit poignant, décrit par Stephen King en deux mots – « Merde alors », a rapidement capté l’attention mondiale, devenant la série numéro 1 sur Netflix dans plusieurs pays.

Toutefois, l’impact de « Mon Petit Renne » s’étend bien au-delà de ses épisodes. Suite à sa diffusion, une série de réactions en chaîne a eu lieu dans la réalité, incluant une enquête policière et un déluge de rumeurs sur les réseaux sociaux, ainsi que des menaces directes, soulevant des questions importantes quant à la responsabilité des créateurs de contenu lorsqu’ils traitent de sujets aussi délicats.

Le cas de la prétendue Martha Scott, amplifié par la diffusion de « Mon Petit Renne », montre clairement comment la fiction peut se répercuter dans la réalité. Des internautes convaincus d’avoir identifié la « vraie » Martha ont déclenché une vague de harcèlement en ligne à son encontre, forçant la femme accusée à jongler entre démentis et fermeture de comptes sur les réseaux sociaux pour fuir cette vindicte populaire.

Récemment, cette situation a été exacerbée par des tabloïds britanniques qui ont rapporté les dires de Fiona Harvey, une avocate de 58 ans. Ciblée par les fans de Richard Gadd, qui la suspectent également d’être la véritable Martha, Harvey nie catégoriquement avoir harcelé qui que ce soit et envisage de poursuivre Netflix pour les troubles causés par cette association erronée.

Le 27 avril dernier, une femme se présentant comme la vraie Martha menaçait de porter plainte contre le créateur de la série pour diffamation. « Il utilise Mon Petit Renne pour me harceler maintenant. C’est moi la victime ici. Il a écrit une putain de série sur moi », précisait-elle dans une interview au Daily Mail.

Parallèlement, la série aborde l’histoire sombre de Darrien O’Connor, un producteur qui a infligé des violences sexuelles à Richard Gadd. Ce personnage, symbolisant un grave abus de pouvoir, a mené à des scandales et des appels à l’enquête policière suite à l’identification supposée de figures réelles l’ayant inspiré. Des internautes ont accusé Sean Foley, un réalisateur, d’être le modèle du personnage, ce qui l’a poussé à porter plainte pour diffamation. Face à ces accusations, et dépassé par la situation, Richard Gadd a publié un post sur Instagram, relayé par Sean Foley sur X, pour défendre son ami, soulignant que « Ce n’est pas le propos de la série » et invitant à ne plus mener d’enquêtes personnelles sur ce sujet. « s’il vous plaît, ne spéculez pas sur l’identité des personnes de la vie réelle », a-t-il précisé.

Ces deux arcs narratifs soulignent les limites de la fiction inspirée de faits réels, la série illustrant le défi majeur auquel sont confrontés les créateurs : celui de raconter des histoires vraies tout en protégeant l’identité des personnes impliquées. Gadd a modifié les détails pour protéger son harceleuse, mais cela n’a pas empêché la spéculation. Les experts légaux s’interrogent sur les risques que de telles productions peuvent engendrer, notamment en termes de diffamation et de procès potentiels.

Pourtant, à travers son œuvre, Gadd cherche à changer la perception du harcèlement, souvent glamourisé ou mystifié à l’écran, en montrant ses aspects les plus sombres et complexes. Il aborde aussi le thème du viol sous un angle plus réaliste, montrant que ces actes peuvent souvent provenir de proches en qui on a confiance.

Alors que « Mon Petit Renne » continue de captiver et de provoquer, elle pose la question fondamentale de notre fascination pour les histoires vraies et leur traitement médiatique. En redéfinissant les lignes entre le vrai et le fictif, la série de Gadd n’est pas seulement un récit captivant, mais aussi un miroir de notre société, réfléchissant les aspects les plus sombres du comportement humain et de la célébrité.

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