La fin de plusieurs émissions écologiques dans l’audiovisuel public pose question

19 mai 2024

Les chaînes de télévision et de radio publiques en France traversent une période de remaniements qui affecte particulièrement les programmes dédiés à l’écologie. En quelques mois, cinq émissions environnementales ont été supprimées ou modifiées, provoquant des critiques et des inquiétudes sur la place accordée à l’écologie dans les grilles de programmation de France Télévisions et Radio France.

La suppression la plus récente est celle de Planète Bleu, une émission animée par Benoît Prospero sur France Bleu, qui ne sera pas reconduite à la rentrée. Cette décision s’inscrit dans une réorganisation visant à privilégier les programmes locaux. Cependant, elle réduit de trois heures par semaine le temps consacré à la sensibilisation environnementale et à la mise en avant des personnalités engagées pour la planète. La direction de France Bleu assure que l’environnement restera un thème important dans la nouvelle grille de programmation.

Cette suppression s’ajoute à celle de Nowu, un média vert destiné aux jeunes, disparu en décembre 2023. Le site web de Nowu est désormais inaccessible, bien que France Télévisions affirme continuer à proposer des contenus écologiques sur d’autres plateformes.

L’association Quota Climat, qui surveille la couverture médiatique des questions écologiques, a dénoncé cette tendance sur les réseaux sociaux. Selon elle, l’environnement n’est plus une priorité pour les médias publics. En 2024, les questions environnementales occupaient 4,2 % du temps d’antenne de France Info, une baisse par rapport à 2023, mais supérieure à la moyenne des chaînes privées.

Même La Terre au Carré, une émission emblématique de France Inter animée par Mathieu Vidard, fait face à des changements. La direction souhaite se séparer de Camille Crosnier, la productrice adjointe, et supprimer certains reportages ainsi que le répondeur des auditeurs. Une pétition de soutien à l’émission a recueilli plus de 32 000 signatures. La direction affirme que l’émission continuera d’exister avec l’écologie et la science comme axes principaux, mais regrette la diffusion de nombreuses informations erronées.

En outre, C’est bientôt demain, une pastille de 18 minutes sur France Inter consacrée aux mobilisations environnementales, va disparaître. Malgré ces suppressions, la direction de France Inter maintient que l’écologie reste un sujet majeur, rappelant que la station y consacre plus de temps d’antenne que ses concurrentes.

Sur France 5, la série-documentaire Vert de rage, animée par Martin Boudot, a été retirée des grilles. Ce programme abordait des sujets critiques comme la qualité de l’air ou la présence d’amiante dans les écoles. Neuf associations de journalistes ont dénoncé cette décision, la qualifiant d’absurde en pleine crise climatique. Stéphane Sitbon-Gomez, directeur des antennes de France Télévisions, a répondu que cette suppression était la volonté du présentateur, et que des documentaires sur les questions environnementales étaient en préparation pour compenser cette perte.

Ces modifications surviennent alors que le gouvernement envisage une fusion complète de l’audiovisuel public pour réaliser des économies. Eva Morel de Quota Climat y voit une volonté politique de réduire les sujets sociaux et environnementaux à l’antenne.

Les arguments avancés contre le journalisme environnemental incluent la baisse des audiences, l’éco-anxiété et la nécessité de réduire les coûts. Cependant, informer sur le réchauffement climatique et les moyens de l’atténuer est plus crucial que jamais.

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