Boris Vallaud, député des Landes fraîchement réélu, incarne l’espoir pour une partie de la gauche. Avec un parcours remarqué et une réputation de gestionnaire de crises, il est perçu comme l’un des candidats naturels pour le poste de premier ministre après les législatives de 2024. Entre convictions profondes et pragmatisme, Vallaud est-il prêt à relever des défis majeurs pour réformer et unir ?
Né le 25 juillet 1975 à Beyrouth, Liban, Boris Vallaud est diplômé en droit public et de l’Institut d’études politiques de Paris, où il rencontre Najat Vallaud-Belkacem, sa future épouse. En 2000, il intègre l’ENA dans la promotion Léopold Sédar Senghor, aux côtés d’Emmanuel Macron. À sa sortie, il choisit le corps préfectoral, travaillant d’abord comme directeur de cabinet du préfet du Gard, puis comme secrétaire général de la préfecture des Landes de 2006 à 2008. En 2008, il rejoint Arnaud Montebourg au conseil général de Saône-et-Loire en tant que directeur général des services, où il est reconnu pour sa gestion rigoureuse des finances départementales.
Après la victoire de François Hollande en 2012, Boris Vallaud suit Arnaud Montebourg au ministère de l’Économie comme conseiller, puis comme directeur de cabinet. En 2014, il est nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République, poste qu’il occupe jusqu’en 2016. Durant cette période, il joue un rôle clé dans les arbitrages de la loi Travail et la restructuration d’Areva. En 2016, il devient conseiller de François Hollande jusqu’à la fin du quinquennat. Après la victoire d’Emmanuel Macron, il porte un regard lucide sur les erreurs commises pendant les cinq années du mandat du deuxième président socialiste, et sur la situation politique du pays : évidemment, il y a des choses qu’on ne nous a pas encore pardonnées. On nous met à l’épreuve. Nous sommes très faibles, mais la réémergence d’une gauche de gouvernement est nécessaire à la démocratie de notre pays : elle est presque de salubrité publique, face aux libéraux conservateurs d’un côté, aux nationalo-populistes de l’autre. »
En 2017, Boris Vallaud est élu député dans la 3e circonscription des Landes, celle d’un autre socialiste bien connu : Henri Emmanuelli. Il se distingue rapidement à l’Assemblée nationale par son opposition aux réformes du camp macroniste et, en 2018, il porte plainte contre X pour blanchiment de fraude fiscale dans le cadre de l’affaire des CumEx Files. En 2023, son action aboutit à une perquisition massive de cinq grandes banques françaises pour fraude fiscale.
En 2019, Boris Vallaud s’est également illustré par son combat contre la privatisation d’Aéroports de Paris (ADP). Il a fermement critiqué cette décision, arguant qu’elle mettait en péril un patrimoine stratégique national et risquait de transformer un service public en source de profits pour des intérêts privés. En matière sociale, il œuvre notamment pour les familles monoparentales, obtenant une allocation exceptionnelle de fin d’année pour les parents élevant seuls des enfants et vivant sous le seuil de pauvreté. En 2023, il lance un groupe de travail à l’Assemblée nationale pour proposer une loi en faveur de ces familles.
Réélu député en 2022, il devient président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, critiquant ouvertement la NUPES et Jean-Luc Mélenchon tout en prônant l’union de la gauche pour 2027. Boris Vallaud est également conseiller départemental des Landes depuis 2021, renversant un canton traditionnellement à droite. Attaché à la ruralité, Boris Vallaud confiait récemment à nos confrères de Sud Ouest : « quand on brutalise trop des identités, on peut se retrouver avec des identitaires, » soulignant l’importance de respecter et de préserver l’identité rurale contre les conséquences d’une déconnexion entre les politiques nationales et les réalités locales.
Un gestionnaire de crise
Connu pour sa capacité à gérer les crises internes du parti avec discrétion et efficacité, il est aujourd’hui perçu comme l’un des candidats naturels pour le poste de premier ministre après les législatives de 2024 remportée par la gauche. Son style, alliant fermeté et diplomatie, a séduit jusqu’à l’Assemblée nationale où Boris Vallaud s’est distingué par son éloquence. Il a su s’opposer efficacement aux réformes controversées de la fonction publique, du code du travail et des retraites. Ses discours pragmatiques visant à proposer des solutions concrètes aux défis actuels, ont fait de lui un interlocuteur respecté.
Si Boris Vallaud est nommé premier ministre, il devra relever des défis majeurs pour la France, alors que l’extrème droite n’a jamais été aussi puissante en France depuis la Seconde Guerre Mondiale. Une situation qui ne lui a pas échappé : « nous devons défendre la République, sa conception de la citoyenneté et ses valeurs, d’égalité et de fraternité » a-t-il dit dans le cadre d’un appel au vote contre l’extrême droite lors des dernières législatives. Sa capacité à former des coalitions et à dialoguer avec toutes les parties prenantes du Nouveau Front Populaire sera cruciale pour mener à bien cette mission, si elle lui est confiée.